Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/58

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qui vouloit conſerver une liaiſon qu’il croyoit utile à ſes états, ne fut pas inflexible. Après avoir parlé en ſouverain irrité, en ſouverain qui pouvoit & devoit peut-être ſe venger, il céda au repentir & aux ſoumiſſions. L’éloignement de l’auteur des troubles, un dédommagement convenable pour ceux de ſes ſujets qu’on avoit pillés : tels furent les actes de juſtice auxquels le deſpote, le plus abſolu qui fut jamais, réduiſit ſes volontés ſuprêmes. À ces conditions ſi modérées, il fut permis aux Anglois de continuer à jouir des privilèges qu’ils avoient obtenus dans les rades Mogoles, à des époques différentes.

Ainſi finit cette malheureuſe affaire, qui interrompit le commerce de la compagnie pendant pluſieurs années ; qui occaſionna une dépenſe de neuf à dix millions ; qui cauſa la perte de cinq gros vaiſſeaux, & d’un plus grand nombre de moindre grandeur ; qui coûta la vie à pluſieurs milliers d’excellens matelots, & qui ſe termina par la ruine du crédit & de l’honneur de la nation : deux choſes dont la valeur eſt au-deſſus de tous les calculs, & dont les deux Child auroient dû payer la perte de leur tête.