La diverſité des ſoies que recueille l’Europe, ne l’a pas miſe en état de ſe paſſer de celle de la Chine. Quoique en général ſa qualité ſoit peſante & ſon brin inégal, elle ſera toujours recherchée pour ſa blancheur. On croit communément qu’elle tient cet avantage de la nature. Ne ſeroit-il pas plus naturel de penſer, que, lors de la filature, les Chinois jettent dans la baſſine quelque ingrédient qui a la vertu de chaſſer toutes les parties hétérogènes, du moins les plus groſſières ? Le peu de déchet de cette ſoie, en comparaiſon de toutes les autres, lorſqu’on la fait cuire pour la teinture, paroît donner un grand poids à cette conjecture.
Quoi qu’il en ſoit de cette idée, la blancheur de la ſoie de la Chine, à laquelle nulle autre ne peut être comparée, la rend ſeule propre à la fabrique des blondes & des gazes. Les efforts qu’on a faits pour lui ſubſtituer les nôtres dans les manufactures de blondes, ont toujours été vains, ſoit qu’on ait employé des ſoies apprêtées ou non apprêtées. On a été un peu moins malheureux à l’égard des gazes. Les ſoies les plus blanches de France & d’Italie l’ont remplacée avec une apparence