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Histoire philosophique
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gation des Indes. Si les périls des voyages maritimes moiſſonnent quelques hommes, donnons à la culture de nos terres toute la protection qu’elle mérite, & notre population ſera ſi nombreuſe, que l’état pourra moins regretter les victimes volontaires que la mer engloutit. On peut ajouter que la plupart de ceux qui périſſent dans ces voyages de long cours, ſont enlevés par des cauſes accidentelles, qu’il ſeroit facile de prévenir par un régime de vie plus ſain, & par une conduite plus réglée. Mais quand on ajoute aux vices de ſon climat & de ſes mœurs, les vices corrupteurs des climats où l’on aborde ; comment réſiſter à ce double principe de deſtruction ?

En ſuppoſant même que le commerce des Indes dut coûter à l’Europe autant d’hommes que l’on prétend qu’il en abſorbe ou qu’il en fait périr, eſt-il bien certain que cette perte n’eſt pas réparée & compensée par les travaux dont il eſt la ſource, & qui nourriſſent, qui multiplient la population ? Les hommes diſpersés ſur les vaiſſeaux qui voguent vers ces parages, n’occuperoient-ils pas ſur la terre une place qu’ils laiſſent à