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Histoire philosophique
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monftre fi peſant & ſi mal conftitué, ſont néceffairement fort lents. Il règne une grande confuſion dans ſes marches, dans ſes opérations. Quelque ſobres que ſoient les Indiens & même les Mogols, les vivres doivent leur manquer ſouvent ; & la famine entraîne après elle des maux contagieux, une affreuſe mortalité.

Cependant, elle n’emporte preſque jamais que des recrues. Quoiqu’en général, les habitans de l’Indoſtan affectent une grande paſſion pour la gloire militaire, ils font le métier de la guerre le moins qu’ils peuvent. Ceux qui ont eu aſſez de ſuccès dans les combats pour obtenir des titres honorables, ſont diſpenfés, pendant quelque tems, du ſervice ; & il eft rare qu’ils ne profitent pas de ce privilège. La retraite de ces vétérans, réduit les armées à n’être qu’un vil aſſemblage de ſoldats levés à la hâte, dans les différentes provinces de l’empire & qui ne connoiſſent nulle diſcipline.

La manière de vivre des troupes eſt digne d’une conſtitution fi vicieufe. Elles mangent le ſoir une quantité prodigieuſe de riz, & prennent après leur ſouper des drogues qui les,