terre eſt actuellement dans une poſition orageuſe pour elle & pour nous. Notre ambition y a ſemé par-tout la diſcorde ; & notre cupidité y a inſpiré de la haine, de la crainte, du mépris pour notre continent. Conquérans, uſurpateurs, oppreſſeurs auſſi prodigues de ſang qu’avides de richeſſes : voilà ce que nous avons paru dans l’Orient. Nos exemples y ont multiplié les vices nationaux, & nous y avons enſeigné à ſe défier des nôtres.
Si nous avions porté chez les Indiens des procédés établis ſur la bonne-foi ; ſi nous leur avions fait connoitre que l’utilité réciproque eſt la baſe du commerce ; ſi nous avions encouragé leur culture & leur induſtrie, par des échanges également avantageux pour eux & pour nous : inſenſiblement, on ſe ſeroit concilié l’eſprit de ces peuples. L’heureuſe habitude de traiter sûrement avec nous, auroit fait tomber leurs préjugés & changé peut-être leur gouvernement. Nous en ſerions venus au point de vivre au milieu d’eux, de former autour de nous des nations ſtables & ſolidement policées, dont les forces auroient protégé nos établiſſemens par une