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Histoire philosophique
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& par la réunion d’un grand nombre de petits moyens, deviendroient pour eux une ſource de richeſſes.

C’eſt aux hommes d’état, appellés par leurs talens au maniement des affaires publiques, à prononcer ſur les idées d’un citoyen obſcur que ſon inexpérience peut avoir égaré. La politique ne ſauroit s’appliquer aſſez tôt, ni trop profondément, à régler un commerce qui intéreſſe ſi eſſentiellement le ſort des nations, & qui vraiſemblablement, l’intéreſſera toujours.

Pour que les liaiſons de l’Europe avec les Indes diſcontinuâſſent, il faudroit que le luxe, qui a fait dans nos régions des progrès ſi rapides, jeté de ſi profondes racines, fut également proſcrit dans tous les états. Il faudroit que la molleſſe ne nous ſurchargeât plus de mille beſoins factices, inconnus à nos ancêtres. Il faudroit que la rivalité du commerce ceſſât d’agiter, de diviſer les nations avides de richeſſes. Il faudroit des révolutions dans les mœurs, dans les uſages, dans les opinions qui n’arriveront jamais. Il faudroit rentrer dans les bornes d’une nature