Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/341

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habiles ou plus heureux, ſoumirent leurs ennemis, & composèrent de toutes les Eſpagnes un état, qui, malgré le vice de ſes inſtitutions, malgré les rapines des Juifs qui en étoient les ſeuls commerçans, ſe ſoutint juſqu’au commencement du huitième ſiècle.

À cette époque, les Maures qui avoient ſubjugué l’Afrique avec cette impétuoſité qui diſtinguoit toutes leurs entrepriſes, paſſent la mer. Ils trouvent un roi ſans mœurs & ſans talens ; beaucoup de courtiſans & point de miniſtres ; des ſoldats ſans valeur & des généraux ſans expérience ; des peuples amollis, pleins de mépris pour le gouvernement, & diſposés à changer de maître ; des rebelles qui ſe joignent à eux, pour tout ravager, tout brûler, tout maſſacrer. En moins de trois ans, l’empire des chrétiens eſt détruit, & celui des infidèles établi ſur des fondemens ſolides.

L’Eſpagne dut à ſes vainqueurs des ſemences de goût, d’humanité, de politeſſe, de philoſophie, pluſieurs arts, & un aſſez grand commerce. Ces jours brillans ne durèrent pas long-tems. Ils furent éclipsés par les innombrables ſectes qui ſe formèrent parmi