Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/353

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mes, les enfans, leur alloient chercher des vivres. On rempliſſoit du coton le plus fin, les lits ſuſpendus dans leſquels ils couchoient.

Lecteur, dites-moi, ſont-ce des peuples civilités qui ſont deſcendus chez des ſauvages, ou des ſauvages chez des peuples civilisés ? Et qu’importe qu’ils ſoient nus ; qu’ils habitent le fond des forêts, qu’ils vivent ſous des hutes ; qu’il n’y ait parmi eux ni code de loix, ni juſtice civile, ni juſtice criminelle, s’ils ſont doux, humains, bienfaiſans, s’ils ont les vertus qui caractériſent l’homme. Hélas ! par-tout on auroit obtenu le même accueil avec les mêmes procédés. Oublions, s’il ſe peut, ou plutôt rappelons-nous ce moment de la découverte, cette première entrevue des deux mondes pour bien déteſter le nôtre.

C’étoit de l’or que cherchoient les Eſpagnols : ils en virent. Pluſieurs ſauvages portoient des ornemens de ce riche métal ; ils en donnèrent à leurs nouveaux hôtes. Ceux-ci furent plus révoltés de la nudité, de la ſimplicité de ces peuples, que touchés de leur bonté. Ils ne ſurent point reconnoître en eux l’empreinte de la nature. Étonnés de