Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/356

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Ils ne ſavoient rien, mais ils n’avoient aucun déſir d’apprendre. Cette indifférence & la confiance avec laquelle ils ſe livroient à des étrangers, prouvent qu’ils étoient heureux.

Leur hiſtoire, leur morale, étoient renfermées dans un recueil de chanſons qu’on leur apprenoit dès l’enfance.

Ils avoient, comme tous les peuples, quelques fables ſur l’origine du genre-humain.

On ſait peu de choſe de leur religion, à laquelle ils n’étoient pas fort attachés ; & il y a apparence que ſur cet article comme ſur beaucoup d’autres, leurs deſtructeurs les ont calomniés. Ils ont prétendu que ces inſulaires ſi doux adoroient une multitude d’être malfaiſans. On ne le ſauroit croire. Les adorateurs d’un dieu cruel n’ont jamais été bons. Et qu’importoient leurs dieux & leur culte ? Firent-ils aux nouveaux venus quelque queſtion ſur leur religion ? Leur croyance fut-elle un motif de curioſité, de haine ou de mépris pour eux ? C’eſt l’Européen qui ſe conduiſit comme s’il eût été conſeillé par les démons de l’inſulaire ; c’eſt l’inſulaire qui ſe conduiſit comme s’il eut obéi à la divinité de l’Européen.