Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/366

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ſemens que la ſucceſſion des tems devoit élever ſur l’autre hémiſphère. Des hommes habiles dans l’exploitation des mines furent choiſis avec beaucoup de ſoin ; & le fiſc ſe chargea de leur ſolde, de leur entretien pour pluſieurs années.

La nation penſa autrement que ſes ſouverains. Le tems, qui amène la réflexion à la ſuite de l’enthouſiaſme, avoit fait tomber le déſir, originairement ſi vif, d’aller dans le Nouveau-Monde. Son or ne tentoit plus perſonne. La couleur livide de tous ceux qui en étoient revenus ; les maladies cruelles & honteuſes de la plupart ; ce qu’on diſoit de la malignité du climat, de la multitude de ceux qui y avoient péri, des diſettes qui s’y faiſoient ſentir ; la répugnance d’obéir à un étranger dont la sévérité étoit généralement blâmée ; peut-être la crainte de contribuer à ſa gloire : toutes ces cauſes avoient donné un éloignement invincible pour Saint-Domingue aux ſujets de la couronne de Caſtille, les ſeuls des Eſpagnols auxquels il fut permis d’y paſſer juſqu’en 1593.

Il falloit pourtant des colons. L’amiral propoſa de les prendre dans les priſons ; de dé-