Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/376

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ment. Pour la première fois, on venoit de voir des peuples logés, vêtus, formés en corps de nation, aſſez avancés dans les arts pour convertir en vaſes des métaux précieux.

Cette découverte pouvoit faire craindre des dangers nouveaux : mais elle préſentoit auſſi l’appât d’un butin plus riche ; & deux cens quarante Eſpagnols ſe précipitèrent dans quatre navires qu’armoit, à ſes dépens, le chef de la colonie. Ils commencèrent par vérifier ce qu’avoient publié les aventuriers qui les avoient précédés, pouſſèrent enſuite leur navigation juſqu’à la rivière de Panuco, & crurent apercevoir par-tout des traces encore plus déciſives de civiliſation. Souvent ils débarquèrent. Quelquefois on les attaqua très-vivement, & quelquefois on les reçut avec un reſpect qui tenoit de l’adoration. Dans une ou deux occaſions, ils purent échanger contre l’or du nouvel hémiſphère quelques bagatelles de l’ancien. Les plus entreprenans d’entre eux, opinoient à former un établiſſement ſur ces belles plages ; leur commandant, Griſalva, qui, quoique actif, quoique intrépide, n’avoit pas l’âme d’un héros, ne trouva pas ſes forces ſuffiſantes