Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/40

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un peu plus tard, le tems les frappe & les renverſe. La pointe de ſa faulx s’émouſſe, au contraire, ſur la page de l’hiſtoire. Elle ne peut rien, ni ſur le cœur, ni ſur la mémoire de l’homme. La vénération ſe tranſmet d’âge en âge ; & les ſiècles qui ſe ſuccèdent en ſont les éternels échos. Flots orgueilleux de la Seine, ſoulevez-vous, ſi vous l’oſez : vous emporterez, & nos ponts, & la ſtatue de Henri : mais ſon nom reſtera. C’eſt devant la ſtatue de ce bon roi, que le peuple attendri, que l’étranger s’arrête. Si l’on viſite auſſi les monumens qui vous ſont conſacrés, ſouverains, ne vous en impoſez pas. Ce ne ſont pas vos perſonnes qu’on vient honorer ; c’eſt l’ouvrage de l’art qu’on vient admirer : encore regrette-t-on qu’un talent ſublime, qui ſe devoit à la vertu, ſe ſoit baſſement proſtitué au crime. Aux pieds de votre ſtatue, quelle eſt la pensée du citoyen & de l’étranger, lorſqu’il ſe voit entouré de malheureux, dont l’aſpect lui montre la misère, & dont la voix plaintive ſollicite un modique ſecours ? N’eſt-ce pas comme s’ils diſoient : VOIS ET SOULAGE LE MAL QUE CET HOMME DE BRONZE NOUS A FAIT. Élevez des ſtatues aux grands