Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/400

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ſe dévouent gaiement à une mort certaine. On les voit ſe précipiter nus & ſans défenſe dans les rangs de leurs ennemis pour rendre leurs armes inutiles ou pour les leur arracher. Tous veulent périr pour délivrer leur patrie de ces étrangers qui prétendoient y régner.

Le combat le plus ſanglant ſe donne ſur une élévation dont les Américains s’étoient emparés, & d’où ils accabloient de traits plus ou moins meurtriers tout ce qui ſe préſentoit. La troupe chargée de les déloger eſt trois fois repouſſée. Cortès s’indigne de cette réſiſtance, & quoiqu’aſſez grièvement bleſſé veut ſe charger lui-même de l’attaque. À peine eſt-il en poſſeſſion de ce poſte important, que deux Jeunes Mexicains jettent leurs armes & viennent à lui comme déſerteurs. Ils mettent un genou à terre, dans la poſture de ſupplians, le ſaiſiſſent & s’élancent avec une extrême vivacité dans l’eſpérance de le faire périr, en l’entraînant avec eux. Sa force ou ſon adreſſe le débarraſſent de leurs mains, & ils meurent victimes d’une entrepriſe généreuſe & inutile. Cette action, mille autres d’une vigueur pareille, font déſirer aux Eſpagnols qu’on puiſſe trouver des moyens de conciliation.