Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/402

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

eu la précaution de jeter des troupes à l’extrémité des ponts qu’ils avoient ſagement rompus, les Eſpagnols & leurs alliés auroient tous péri dans cette action ſanglante. Leur bonheur voulut que leur ennemi ne ſut pas profiter de tous ſes avantages ; & ils arrivèrent enfin ſur les bords du lac, après des dangers & des fatigues incroyables. Le déſordre où ils étoient, les expoſoit encore à une défaite entière. Une nouvelle faute vint à leur ſecours.

L’aurore permit à peine aux Mexicains de découvrir le champ de bataille dont ils étoient reſtés les maîtres, qu’ils aperçurent parmi les morts un fils & deux filles de Montezuma, que les Eſpagnols emmenoient avec quelques autres priſonniers. Ce ſpectacle les glaça d’effroi. L’idée d’avoir maſſacré les enfans après avoir immolé le père, étoit trop forte, pour que des âmes foibles & énervées par l’habitude d’une obéiſſance aveugle, puſſent la ſoutenir. Ils craignirent de joindre l’impiété au régicide ; & ils donnèrent à de vaines cérémonies funèbres, un tems qu’ils devoient au ſalut de leur patrie.

Durant cet intervalle, l’armée battue qui avoit