Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/442

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Céſar, les Triumvirs voulurent que ſa chapelle fut un aſyle. Dans les ſiècles ſuivans, la baſſeſſe des peuples érigea ſouvent les ſtatues des tyrans en aſyles. C’eſt de-là que l’eſclave inſultoit ſon maître. C’eſt de-là que le perſécuteur du repos public ſoulevoit la canaille contre les gens de bien.

Cette horrible inſtitution de la babarie & du paganiſme cauſoit des maux inexprimables, lorſque le chriſtianiſme, monté ſur le trône de l’empire ne rougit pas de l’adopter & même de l’étendre. Bientôt, les ſuites de cette politique eccléſiaſtique ſe firent cruellement ſentir. Les loix perdirent leur autorité. L’ordre ſocial étoit interverti. Alors le magiſtrat attaqua les aſyles avec courage ; le prêtre, les défendit avec opiniâtreté. Ce fut durant pluſieurs ſiècles, une guerre vive & pleine d’animoſité. Le parti qui prévaloit ſous un règne ferme ſuccomboit ſous un prince ſuperſtitieux. Quelquefois cet aſyle étoit général, & quelquefois il étoit reſtreint. Anéanti dans un tems, réintégré dans un autre.

Ce qui doit ſurprendre dans une inſtitution ſi viſiblement contraire à l’équité naturelle, à la loi civile, à la ſainteté de la religion,