Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/49

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de deux lieues de circonférence ſeulement, avoit autrefois une population de trente mille âmes. Dix mille habitoient la ville même. On en voyoit un peu plus dans une grande aldée, remplie de manufactures groſſières. Le reſte travailloit utilement dans quelques autres lieux moins conſidérables. Trois cens ouvriers, facteurs, marchands ou ſoldats : c’étoit tout ce qu’il y avoit d’Européens dans l’établiſſement. Son revenu étoit d’environ 100 000 livres, & ce revenu ſuffiſoit à toutes ſes dépenſes.

Avec le tems, le déſordre ſe mit dans la colonie. Elle rendit moins, & coûta le double. Les entrepreneurs s’éloignèrent, les fabriques languirent, les achats diminuèrent, & l’on n’obtint qu’un bénéfice très-borné ſur ceux qu’on ordonnoit de loin en loin. Dans l’impuiſſance ou l’on étoit de faire des avances aux ateliers, il fallut payer les marchandiſes vingt-cinq & trente pour cent plus cher, que ſi l’on ſe fût conformé aux uſages reçus dans ces contrées.

Depuis 1772, Trinquebar a changé de face. Un peu de liberté, quelques fonds, une meilleure adminiſtration, une augmen-