Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/515

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par frottement ou par colliſion, font ſortir de brillantes étincelles de tant de corps : rien n’avoit donné aux paiſibles habitans des Marianes, la moindre idée d’un élément ſi familier aux autres nations. Pour le leur faire connoître, il falloit que le reſſentiment des premiers Eſpagnols, arrivés ſur ces côtes ſauvages, brûlât quelques centaines de cabanes.

Cet uſage du feu n’étoit guère propre à leur en donner une idée favorable, à leur faire déſirer de le reproduire. Auſſi le prirent-ils pour un animal qui s’attachoit au bois & qui s’en nourriſſoit. Ceux que l’ignorance d’un objet ſi nouveau avoit porté à en approcher s’étant brûlés, leurs cris inſpirèrent de la terreur aux autres qui n’osèrent plus le regarder que de très-loin. Ils appréhendèrent la morſure de cette bête féroce, qu’ils croyoient capable de les bleſſer par la ſeule violence de ſa reſpiration. Cependant, ils revinrent par degrés de la conſternation dont ils avoient été frappés ; leur erreur ſe diſſipa peu-à-peu, & on les vit s’accoutumer enfin à un bien précieux dont tous les autres peuples connus étoient dans une poſſeſſion immémoriale.

Un autre ſpectacle digne d’attention, c’é-