Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/520

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S’il étoit raiſonnable de prononcer ſur le génie d’une nation par un art iſolé, on ne pourroit s’empêcher d’avoir la plus grande opinion de ces ſauvages qui, avec des outils groſſiers & ſans le ſecours du fer, ont obtenu à la mer des effets que des moyens multipliés n’ont pu procurer aux peuples les plus éclairés. Mais pour aſſeoir un jugement ſolide, il faudroit d’autres preuves qu’un talent que le haſard peut avoir donné ; & ces preuves ne ſont conſignées dans aucune hiſtoire.

Les iſles Marianes furent découvertes, en 1521, par Magellan. Ce célèbre navigateur les nomma iſles des Larrons, parce que leurs ſauvages habitans, qui n’avoient pas la moindre notion du droit de propriété, inconnu dans l’état de nature, enlevèrent ſur ſes vaiſſeaux quelques bagatelles qui tentèrent leur curioſité. On négligea long-tems de s’établir dans cet archipel où il n’y avoit aucune de ces riches mines qui enflammoient alors les Eſpagnols. Ce fut en 1668 ſeulement que les vaiſſeaux qui y relâchoient de tems en tems, en allant du Mexique aux Indes Orientales, y déposèrent quelques miſſionnaires. Dix ans après, la cour de Madrid jugea que les voies