Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/555

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Ne ſignez que des ſuſpenſions d’armes, & n’en fixez point la durée. Si vous avez réſolu d’être injuſtes, ceſſez au-moins d’être perfides. La perfidie eſt ſi lâche, ſi odieuſe. Ce vice ne convient pas à des potentats. Le renard ſous la peau du lion, le lion ſous la peau du renard ſont deux animaux également ridicules. Mais, au lieu de parler à des ſourds qu’on ne convainc de rien & qu’on peut irriter, diſons quelque choſe des baies de Honduras, de Campêche, & de la péninſule d’Yucatan qui les sépare.

Cette péninſule a cent lieues de long ſur vingt & vingt-cinq de large. Le pays eſt entièrement uni. On n’y voit, ni rivière, ni ruiſſeau : mais par-tout l’eau eſt ſi près de la terre, par-tout les coquillages ſont en ſi grande abondance, que ce grand eſpace a dû faire autrefois partie de la mer. Les premiers Eſpagnols qui parurent ſur ces côtes y trouvèrent établi, au rapport d’Herrera, un uſage très-particulier. Les hommes y portoient généralement des miroirs d’une pierre brillante, dans leſquels ils ſe contemploient ſans ceſſe, tandis que les femmes ne ſe ſervoient pas de cet inſtrument ſi cher à la beauté.