Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/57

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l’impoſition n’ait été concomitante de l’entrepriſe ; pas un ſouverain qui n’ait voulu s’aſſurer une partie de la moiſſon avant que la récolte fût faite, ſans s’apercevoir que ces exactions prématurées étoient des moyens sûrs de la détruire. D’où naît cette eſpèce de vertige ? Eſt-ce de l’ignorance ? eſt-ce de l’indigence ? ſeroit-ce une séparation ſecrète de l’intérêt propre de l’adminiſtration de l’intérêt général de l’état ?

Quoi qu’il en ſoit, la nouvelle compagnie, qui avoit un fonds de ſix millions de florins ou de 10 800 000 livres, parut avec diſtinction dans tous les marchés des Indes.

Elle forma deux établiſſemens, celui de Coblom, entre Madras & Sadraſpatnan à la côte du Coromandel, & celui de Bankibaſar dans le Gange. Elle projetoit même de ſe procurer un lieu de relâche, & ſes regards s’étoient arrêtés ſur Madagaſcar. Elle étoit aſſez heureuſe pour pouvoir ſe repoſer du ſoin de ſa proſpérité ſur des agens, qui avoient eu aſſez de fermeté pour ſurmonter les obſtacles que la jalouſie leur avoit opposés, & aſſez de lumières pour ſe débarraſſer des pièges qu’on leur avoit tendus. La