Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/95

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commencèrent-ils à ſe heurter ſix ans après leur formation. Rien n’en pouvoit empêcher le choc. Ce fut une lutte continuelle entre le chef de l’état qui tendoit ſans ceſſe à acquérir de l’influence dans la confection des loix, & la nation jalouſe d’en conſerver toute l’exécution. Les différens ordres de la république diſputoient, avec le même acharnement, ſur l’étendue de leurs prérogatives.

Ces combats où alternativement on triomphoit & l’on ſuccomboit, jetèrent une grande inſtabilité dans les réſolutions publiques. Ce qui avoit été arrêté dans une diète étoit prohibé dans la ſuivante, pour être rétabli de nouveau & de nouveau réformé. Dans le tumulte des paſſions, le bien général étoit oublié, méconnu ou trahi. Les ſources de la félicité des citoyens tariſſoient de plus en plus ; & toutes les branches d’adminiſtration portoient l’empreinte de l’ignorance, de l’intérêt ou de l’anarchie. Une corruption, la plus ignominieuſe peut-être dont jamais aucune ſociété ait été infectée, vint mettre le comble à tant d’infortunes.

Deux factions, dans leſquelles toutes les autres s’étoient fondues, diviſoient l’état.