Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/98

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l’état à s’emparer de l’autorité. Il règne aux conditions qu’il a voulu preſcrire ; & il ne reſte à ſes ſujets de droits, que ceux dont ſa modération ne lui a pas permis de les dépouiller.

Nous ne ſommes pas placés à la diſtance convenable, pour occuper nos lecteurs de cette révolution. C’eſt au tems à révéler ce qu’il importeroit à l’hiſtorien de ſavoir, pour en parler avec exactitude. Comment diſcerner ceux qui ont ſecondé les vues du ſouverain par des motifs généreux, de ceux qui s’y ſont prêtés par des vues abjectes ? Il les connoît lui : mais le cœur des rois eſt un ſanctuaire impénétrable d’où l’eſtime & le mépris s’échappent rarement pendant leur vie, & dont la clef ne ſe perd que trop ſouvent à leur mort. D’ailleurs ne ſont-ils pas exposés comme nous aux preſtiges de la paſſion, & ſont-ils des meilleurs diſpenſateurs de l’éloge & du blâme ? Les jugemens de leurs ſujets ſont également ſuſpects. Entre des voix confuſes & contradictoires qui s’élèvent en même tems, qui démêlera le cri de la vérité du murmure ſourd & ſecret de la calomnie, ou le murmure ſourd & ſecret de