Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/104

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l’abandonner, mettre une terre en valeur ou la détruire, maſſacrer des peuples ou les traiter avec humanité. Tout convenoit à la cour de Madrid, pourvu qu’on lui envoyât beaucoup de richeſſes. La ſource lui en paroiſſoit toujours honnête & toujours pure.

Des ravages, des cruautés qu’on ne peut exprimer, furent la ſuite néceſſaire de ces principes abominables. La déſolation fut univerſelle. On en voit encore par-tout les funeſtes traces : mais plus particulièrement à Sainte-Marthe. Après que ſes deſtructeurs eurent dépouillé les peuplades de l’or qu’elles avoient ramaſſé dans leurs rivières, des perles qu’elles avoient pêchées ſur leurs côtes, ils diſparurent. Le peu d’entre eux qui s’y fixèrent, élevèrent une ou deux villes & quelques bourgades qui ſont reliées ſans communication juſqu’à ce qu’elle ait été ouverte par l’activité infatigable de quelques miſſionnaires capucins qui ſont parvenus, de nos jours, à réunir dans huit hameaux trois mille cent quatre-vingt-onze Motilones ou Euagiras, les plus féroces des ſauvages indépendans qui la traverſoient. Là végète leur mépriſable poſtérité nourrie & ſervie