Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/128

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ſa rapidité n’eſt pas toujours égale, par l’effet d’une ſingularité très-remarquable. L’Orenoque, commençant à croître en avril, monte continuellement pendant cinq mois, & reſte le ſixième dans ſon plus grand accroiſſement. En octobre, il commence à baiſſer graduellement juſqu’au mois de mars, qu’il paſſe tout entier dans l’état fixe de ſa plus grande diminution. Cette alternative de variations eſt régulière, invariable même.

Ce phénomène paroît beaucoup plus dépendre de la mer que de la terre. Durant les ſix mois que le fleuve croît, l’hémiſphère du Nouveau-Monde n’offre, pour ainſi dire, que des mers & preſque point de terre à l’action perpendiculaire des rayons du ſoleil. Durant les ſix mois que le fleuve décroît, l’Amérique ne préſente que ſon grand continent à l’aſtre qui l’éclairé. La mer eſt alors moins ſoumiſe à l’influence active du ſoleil, ou du moins ſa pente vers les côtes orientales eſt plus balancée, plus brisée par les terres. Elle doit donc laiſſer un plus libre cours aux fleuves qui, n’étant point alors ſi fort retenus par la mer, ne peuvent être