Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/131

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ſoins. Il arrive enfin le moment où cette raiſon ſociale ceſſe d’exiſter : mais alors la force d’une longue habitude, la conſolation de ſe voir entouré d’une famille plus ou moins nombreuſe, l’eſpoir d’être ſecouru dans ſes derniers ans par ſa poſtérité : tout ôte la pensée & la volonté de ſe séparer. Ce ſont les hommes qui retirent les plus grands avantages de cette co-habitation. Chez les peuples qui n’accordent leur eſtime qu’à la force & au courage, la foibleſſe eſt toujours tyrannisée, pour prix de la protection qu’on lui accorde. Les femmes y vivent dans l’opprobre. Les travaux, regardés comme abjects, ſont leur partage.

Des mains, accoutumées à manier des armes ou la rame, ſe croiraient avilies par des occupations sédentaires, par celles même de l’agriculture.

Les femmes ſont moins malheureuſes parmi des peuples paſteurs, à qui une exiſtence plus aſſurée permet de s’occuper un peu davantage du ſoin de la rendre agréable. Dans l’aiſance & le loiſir dont ils jouiſſent, ils peuvent ſe faire une image de la beauté, apporter quelque choix dans l’objet de leurs