Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/164

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au-deſſus des montagnes les plus hautes ; car elles exiſtoient déja ; & ce fut du limon de ce déluge qu’elles ſe reproduiſirent ».

Ces hommes ne vous débitent que des rêves, me dit un troiſième, & il ajoute : « Regardez autour de vous, & vous verrez les montagnes naître de l’élément même qui les détruit. C’eſt le feu qui durcit les couches molles de la terre ; c’eſt lui qui, dans ſon expanſion favorisée par l’air & par l’eau, les bombe & pouſſe leurs ſommets dans la nue ; c’eſt lui qui les crève & qui creuſe leurs vaſtes chaudières. Toute montagne eſt un volcan qui ſe prépare ou qui a ceſſé ».

Les cris de ce dernier ſont interrompus par un perſonnage éloquent. Il parle ; je l’écoute, & le charme de ſon diſcours me laiſſe à peine la liberté de juger ſon opinion. Il dit : « Au commencement il n’y avoit point de montagnes. Les eaux couvroient la face uniforme de la terre ; mais elles n’étoient pas en repos. L’action du ſatellite qui nous accompagne les agitoit juſque dans leur plus grande profondeur du mouvement de flux & de reflux que nous leur voyons.