Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/168

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les a brisées. Encore ſi nous pouvions dire des hommes employés à ces effroyables travaux, ce que nous en liſons dans Caſſiodore. « Ils entrent dans les mines indigens ; ils en ſortent opulens. Ils jouiſſent d’une richeſſe qu’on n’oſe leur enlever. Ils ſont les ſeuls dont la fortune ne ſoit ſouillée ni par la rapine, ni par la baſſeſſe ».

Européens, méditez ce que cet écrivain judicieux ajoute. « Acquérir de l’or en immolant des hommes ; c’eſt un forfait. L’aller chercher à travers les périls de la mer ; c’eſt une folie. En amaſſer par la corruption & les vices ; c’eſt une lâcheté. Les ſeuls lucres qui ſoient juſtes, qui ſoient honnêtes ſe font ſans bleſſer perſonne ; & l’on ne poſſède ſans remords que ce qui n’a point été arraché à la proſpérité d’autrui ».

Et vous, vous, pour avoir de l’or, vous avez franchi les mers. Pour avoir de l’or, vous avez envahi les contrées. Pour avoir de l’or, vous en avez maſſacré la plus grande partie des habitans. Pour avoir de l’or, vous avez précipité dans les entrailles de la terre ceux que vos poignards avoient épargnés. Pour avoir de l’or, vous avez introduit ſur