Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plaiſirs, quand ils peuvent oublier leurs malheurs. La pareſſe eſt leur état d’habitude. Je n’ai pas faim, diſent-ils à qui veut les payer pour travailler.

Le vuide qui s’étoit fait dans la population du Pérou, & l’inertie de ce qui y étoit reſté d’hommes, déterminèrent les conquérans à l’introduction d’une race étrangère : mais ce ſupplément imaginé par un raffinement de la barbarie Européenne, fut plus nuiſible à l’Afrique, qu’utile au pays des incas. L’avarice ne retira pas de ces nouveaux eſclaves tous les avantages qu’elle s’en étoit promis. Le gouvernement, par-tout occupé à mettre des taxes ſur les vertus & ſur les vices, ſur l’induſtrie & ſur la pareſſe, ſur les bons & ſur les mauvais projets, ſur la liberté de commettre des vexations & ſur la facilité à s’y ſouſtraire : le gouvernement fit un monopole de ce vil commerce. Il fallut recevoir les noirs d’une main rivale ou ennemie, les faire arriver à leur deſtination par des climats mal-ſains & des mers immenſes, ſoutenir la dépenſe de pluſieurs entrepôts fort chers. Cependant cette eſpèce d’hommes ſe multiplia beaucoup plus au Pérou qu’au Mexique.