Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/190

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Malgré tant de moyens de s’élever, Guayaquil, dont la population eſt de vingt mille âmes, n’a que de l’aiſance. Les fortunes y ont été ſucceſſivement renversées par neuf incendies, & par des corſaires qui ont deux fois ſaccagé la ville. Celles qui ont été faites depuis ces funeſtes époques n’y ſont pas reſtées. Un climat où les chaleurs ſont intolérables toute l’année ; où les pluies ſont continuelles pendant ſix mois, où des inſectes dégoûtans & dangereux ne laiſſent pas un inſtant de tranquilité ; où paroiſſent s’être réunies les maladies des températures les plus opposées ; où l’on vit dans la crainte continuelle de perdre la vue : un tel climat n’eſt guère propre à fixer ſes habitans. Auſſi n’y voit-on que ceux qui n’ont pas acquis aſſez de bien pour aller couler ailleurs des jours heureux dans l’oiſiveté & dans la molleſſe.

En quittant le territoire de Guayaquil, on entre dans les vallées du Pérou. Elles occupent quatre cens lieues d’une côte, ſemées d’un grand nombre de mauvaiſes rades parmi leſquelles un heureux haſard a placé un ou deux aſſez bons ports. Dans tout ce vaſte eſpace, il n’y a pas la trace d’un ſeul