Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/207

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depuis peu à Cuenca, ou ſur des ſortes de lin venues de l’ancien hémiſphère. Ces productions d’un art imparfait ſervent à la décoration des maiſons, des palais, des temples. Le deſſin n’en eſt pas abſolument mauvais ; mais les couleurs manquent de vérité & ne ſont pas durables. Cette induſtrie appartient preſqu’excluſivement aux Indiens fixés à Cuſco, & moins opprimés, moins abrutis ſur ce théâtre de leur première gloire que dans tout le reſte de l’empire. Si ces Américains, à qui la nature a refusé l’eſprit d’invention, mais qui ſavent imiter, avoient eu d’excellens modèles & des maîtres habiles, ils ſeroient devenus du moins de bons copiſtes. On porta à Rome, ſur la fin du ſiècle dernier, des ouvrages d’un peintre Péruvien, nommé Michel de Saint-Jaques, où les connoiſſeurs trouvèrent du génie.

Ici, j’entends des murmures. On me dît quel intérêt veux-tu que je prenne à ces vains détails dont tu m’importunes depuis ſi long-tems ? Parle-moi de l’or, de l’argent du Pérou. Dans cette région ſi reculée du Nouveau-Monde, jamais je n’ai vu, jamais Je ne verrai que ſes métaux. Qui que tu ſois qui