Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/24

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de Rome avoit fait de leur pays au roi d’Eſpagne. Si ces ſauvages refuſoient de courber un front docile ſous ce double joug, on étoit autorisé à les pourſuivre par le fer & par le feu, & à réduire à l’eſclavage les nations entières.

Et c’eſt le chef de la plus ſainte des religions qui donne à autrui ce qui ne lui appartient pas ? & c’eſt un ſouverain chrétien qui l’accepte ce don ? & ces conditions ſtipulées entre eux ſont la ſoumiſſion au monarque Européen ou l’eſclavage ; le baptême ou la mort. Sur le ſimple exposé de ce contract inouï, on eſt ſaiſi d’une telle horreur que l’on prononce que celui qui ne la partage pas, eſt un homme étranger à toute morale, à tout ſentiment d’humanité, à toute notion de juſtice, qui ne mérite pas qu’on raiſonne avec lui. Pontife abominable ; & ſi ces contrées dont tu diſpoſes ont un légitime propriétaire, ton avis eſt donc qu’on l’en dépouille ? ſi elles ont un légitime ſouverain, ton avis eſt donc que les ſujets lui ſoient infidèles ? ſi elles ont des dieux, ton avis eſt donc qu’elles ſoient impies ? Prince ſtupide, & tu ne ſens pas que les droits qu’on te confère, on ſe les