Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/241

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des pères opulens ſont condamnés à une misère forcée par la pieuſe rapacité d’une foule de mendians volontaires. L’Anglois, le Hollandois, le François perdent de leurs préjugés nationaux en voyageant. L’Eſpagnol traîne avec lui les ſiens dans tout l’univers ; & telle eſt la manie de léguer à l’égliſe, qu’au Pérou tous les biens fonds appartiennent au ſacerdoce ou lui doivent des redevances. Le monachiqme y a fait ce que la loi du Vacuf fera tôt ou tard à Conſtantinople. Ici, l’on attache ſa fortune à un minaret, pour l’aſſurer à ſon héritier ; là, on en dépouille un héritier en l’attachant à un monaſtère, par la crainte d’être damné. Les motifs ſont un peu divers : mais, à la longue, l’effet eſt le même. Dans l’une & l’autre contrée, l’égliſe eſt le gouffre où toute la richeſſe va ſe précipiter ; & ces Caſtillans, autrefois ſi redoutés, ſont auſſi petits devant la ſuperſtition, que des eſclaves aſiatiques en préſence de leur deſpote.

Ces extravagances pourroient faire ſoupçonner un abrutiſſement entier. Ce ſeroit une injuſtice. Depuis le commencement du ſiècle, les bons livres ſont aſſez communs à Lima ; on n’y manque pas abſolument de