Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/243

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bien priſe ; un pied mieux fait & plus petit que celui des Eſpagnoles même ; des cheveux épais & nous qui flottent, comme au haſard & ſans ornement, ſur des épaules & un ſein d’albâtre.

Tant de grâces naturelles ſont relevées par tout ce que l’art a pu y ajouter. C’eſt la plus grande ſomptuoſité dans les vêtemens ; c’eſt une profuſion ſans bornes de perles & de diamans dans toutes les eſpèces de parure où il eſt poſſible de les faire entrer. On met même une ſorte de grandeur & de dignité à laiſſer égarer, à laiſſer détruire ces objets précieux. Rarement une femme, même ſans titre & ſans nobleſſe, ſe montre-t-elle en public ſans étoffes d’or & ſans pierreries. Jamais elle ne ſort que ſuivie de trois ou quatre eſclaves, la plupart mulâtreſſes, en livrée comme les laquais, en dentelles comme leurs maîtreſſes.

Les odeurs ſont d’un uſage général à Lima. Les femmes n’y ſont jamais ſans ambre. Elles en répandent dans leur linge & dans leurs habits ; même dans leurs bouquets, comme s’il manquoit quelque choſe au parfum naturel des fleurs. L’ambre eſt ſans doute une ivreſſe