Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/27

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trouva d’une eſpèce différente, aſſez forts & aſſez hardis pour oſer défendre leurs droits. Ces derniers avoient une pratique bien extraordinaire : c’étoit que les maris, à la mort de leurs femmes, les femmes, à la mort de leurs maris, ſe coupoient le bout d’un doigt ; en ſorte que la ſeule inſpection de leurs mains indiquoient s’ils étoient veufs, & combien de fois ils l’avoient été.

On n’a rien dit juſqu’ici, vraiſemblablement on ne dira jamais rien qui puiſſe expliquer ce renverſement de la raiſon. Si les femmes avoient été ſeules obligées à cette bizarre & cruelle cérémonie, il ſeroit naturel de ſoupçonner qu’on avoit voulu prévenir l’impoſture d’une veuve qui auroit voulu ſe donner pour vierge à un nouvel époux. Mais cette conjecture ne pourroit convenir aux maris dont l’état n’a jamais pu entraîner d’aſſez grands inconvéniens, pour qu’on ait cherché à le conſtater par des ſignes indélébiles. Cet uſage a été retrouvé ailleurs. En voici un particulier au Darien.

Lorſqu’une veuve mouroit, on enterroit avec elle ceux de ſes enfans que la foibleſſe de leur âge mettoit dans l’impoſſibilité de