Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/296

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tipathie nationale qui éterniſent les guerres & toutes les paſſions deſtructives ! Mais la diſcorde ſemble naître d’elle-même entre des frères. Comment eſpérer que le genre-humain devienne jamais une famille, dont les enfans ſuçant à-peu-près le même lait, ne reſpirent plus la ſoif du ſang ? Elle s’engendre, cette cruelle ſoif, elle croît & ſe perpétue avec la ſoif de l’or.

C’eſt cette paſſion honteuſe qui continuoit à rendre l’Eſpagnol cruel, même après les liens qu’il avoit formés. Il ſembloit punir les Indiens de ſa propre obſtination à chercher des métaux où il n’y en avoit pas. Le naufrage de pluſieurs navires qui périrent avec les troupes & les munitions dont ils étoient chargés, en voulant remonter trop haut dans le fleuve, ne put faire revenir d’une opiniâtreté funeſte, leur avarice ſi long-tems trompée. Il fallut des ordres réitérés de la métropole pour les déterminer à rétablir Buenos-Aires.

Cette entrepriſe ſi néceſſaire étoit devenue facile. Les Eſpagnols, multipliés dans le Paraguay, étoient aſſez forts pour contenir ou pour détruire les peuples qui pouvoient la