Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/313

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phes. De ſes propres domaines, le pays ne fournit que des cuirs.

Lorſqu’en 1539 les Eſpagnols abandonnèrent Buenos-Aires pour remonter le fleuve, ils laiſſèrent dans les campagnes voiſines quelques bêtes à corne qu’ils avoient amenées de leur patrie. Elles ſe multiplièrent tellement, que perſonne ne daigna ſe les approprier, lorſqu’on rétablit la ville. Dans la ſuite, il parut utile de les aſſommer pour en vendre la peau à l’Europe. La manière dont on s’y prend eſt remarquable.

Pluſieurs chaſſeurs ſe rendent à cheval dans les plaines où ils ſavent qu’il y a le plus de bœufs ſauvages. Ils pourſuivent chacun le leur & lui coupent le jarret avec un long bâton, armé d’un fer taillé en croiſſant & bien aiguisé. Cet animal abattu, ſon vainqueur en pourſuit d’autres qu’il abat de même. Après quelques jours d’un exercice ſi violent, les chaſſeurs retournent ſur leurs pas, retrouvent les taureaux qu’ils ont terraſſés, les écorchent, en prennent la peau, quelquefois la langue ou le ſuif, & abandonnent le reſte à des chiens ſauvages ou à des vautours.

Les cuirs étoient originairement à ſi bon