Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/318

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nouveaux députés, plus preſſans que les premiers, étoient envoyés. Quelquefois on les maſſacroit, & on fondoit inopinément ſur ceux qu’ils repréſentoient. Les troupes provoquées avoient aſſez généralement la ſupériorité : mais elles s’arrêtoient au moment de la victoire & traitoient leurs priſonniers avec tant de douceur, qu’ils alloient faire aimer de leurs compagnons un vainqueur humain. Il n’arriva guère qu’une armée Péruvienne attaquât la première ; & il arriva ſouvent qu’après avoir vu ſes ſoldats maſſacrés, qu’après avoir éprouvé la perfidie des barbares l’inca ne permettoit pas encore les hoſtilités.

Les Jéſuites, qui n’avoient point d’armée, ſe bornèrent à la perſuaſion. Ils s’enfonçoient dans les forêts pour chercher des ſauvages ; & ils les déterminèrent à renoncer à leurs habitudes, à leurs préjugés, pour embraſſer une religion à laquelle ces peuples ne comprenoient rien, & pour goûter les douceurs de la ſociété qu’ils ne connoiſſoient pas.

Les incas avoient encore un avantage ſur les Jéſuites, c’eſt la nature de leur culte qui parloit aux ſens. Il eſt plus aisé de faire