Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/32

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renverſer à leurs frais un trône qui ſubſiſtoit avec gloire depuis pluſieurs ſiècles.

François Pizarre, le plus connu de tous, étoit fils naturel d’un gentilhomme d’Eſtramadoure. Son éducation fut ſi négligée, qu’il ne ſavoit pas lire. La garde des troupeaux, qui fut ſa première occupation, ne convenant pas à ſon caractère, il s’embarqua pour le Nouveau-Monde. Son avarice & ſon ambition lui donnèrent une activité ſans bornes. Il étoit de toutes les expéditions. Il ſe diſtingua dans la plupart ; & il acquit, dans les diverſes ſituations où il ſe trouva, cette connoiſſance des hommes & des affaires, dont on a toujours beſoin pour s’élever ; mais ſurtout néceſſaire à ceux qui par leur naiſſance ont tout à vaincre. L’uſage qu’il avoit fait juſqu’alors de ſes forces phyſiques & morales, lui perſuada que rien n’étoit au-deſſus de ſes talens, & il forma le projet de les employer contre le Pérou.

Il aſſocia à ſes vues Diego d’Almagro, dont la naiſſance étoit incertaine, mais dont le courage étoit éprouvé. On l’avoit toujours vu ſobre, patient, infatigable dans les camps où il avoit vieilli. Il avoit puisé à cette école