Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/322

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veilloient ſur les beſoins de tous avec des magiſtrats élus par le peuple même.

Il n’y avoit point de diſtinction entre les états ; & c’eſt la ſeule ſociété ſur la terre où les hommes aient joui de cette égalité qui eſt le ſecond des biens : car la liberté eſt le premier.

Les incas & les Jéſuites ont fait également reſpecter la religion par la pompe & l’appareil impoſant du culte public. Les temples du ſoleil étoient auſſi bien conſtruits, auſſi bien ornés que le permettait l’imperfection des arts & des matériaux. Les égliſes du Paraguay ſont réellement fort belles. Une muſique qui alloit au cœur, des cantiques touchans, des peintures qui parloient aux yeux, la majeſté des cérémonies : tout attiroit, tout retenoit les Indiens dans ces lieux ſacrés, où le plaiſir ſe confondoit pour eux avec la piété.

XV. Pourquoi les hommes ne ſe ſont-ils que peu multipliés dans ces célèbres miſſions ?

Il ſemble que les hommes auroient dû ſe multiplier extrêmement ſous un gouvernement où nul n’étoit oiſif, n’étoit excédé de travail ; où la nourriture étoit ſaine, abondante, égale pour tous les citoyens ſainement vêtus, logés commodément : où les vieillards, les veuves, les orphelins, les malades avoient