Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/326

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d’argent, pour compoſer des armées & des flottes deſtinées à périr ; dans l’exécution violente des loix imposées ſans le conſentement des peuples & contre la réclamation des magiſtrats ; dans la violation des privilèges publics & l’établiſſement des privilèges particuliers ; dans l’incohérence des principes d’une autorité qui ſe diſant établie de Dieu par l’épée, veut tout prendre avec l’une & tout ordonner au nom de l’autre, s’armer du glaive dans le ſanctuaire, & de la religion dans les tribunaux. Voilà l’oppreſſion. Jamais elle n’eſt dans une ſoumiſſion volontaire des eſprits, ni dans la pente & le vœu des cœurs, en qui la perſuaſion opère & précède l’inclination, qui ne font que ce qu’ils aiment à faire & n’aiment que ce qu’ils font. C’eſt-là ce doux empire de l’opinion, le ſeul peut-être qu’il ſoit permis à des hommes d’exercer ſur des hommes ; parce qu’il rend heureux ceux qui s’y abandonnent. Tel fut, ſans doute, celui des Jéſuites au Paraguay, puiſque des nations entières venoient d’elles-mêmes s’incorporer à leur gouvernement, & qu’on ne vit pas une ſeule de leurs peuplades ſecouer le joug. On n’oſeroit dire que