Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/328

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des meilleures institutions, que nos erreurs parviennent presque à les détruire. Sous la loi de la propriété, quand elle est jointe à la cupidité, à l’ambition, au luxe, à une multitude de besoins factices, à mille autres désordres qui prennent naissance dans les vices de nos gouvernemens ; les bornes de nos possessions, tantôt beaucoup trop resserrées, tantôt beaucoup trop étendues, arrêtent tout-à-la-fois la fécondité de nos terres & celle de notre espèce. Ces inconvéniens n’existoient point dans le Paraguay. Tous y avoient une subsistance assurée ; tous y jouissoient par conséquent des grands avantages du droit de propriété, sans pourtant avoir proprement ce droit. Ce ne fut donc pas précisément parce qu’ils en étoient privés que la population ne fit pas chez eux de grands progrès.

Un écrivain mercenaire ou aveuglé par sa haine n’a pas craint de publier depuis peu à la face de l’univers que le terrein occupé par les Guaranis ne pouvoit nourrir que le nombre d’hommes qui y existoit, & que plutôt que de les rapprocher des Espagnols leurs missionnaires avoient eux-mêmes arrêté la population. Ils persuadoient, nous dit-on,