Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/34

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tous trois par le ſang de Dieu, de ne pas épargner, pour s’enrichir, celui des hommes.

L’expédition commencée ſous ces horribles auſpices avec un vaiſſeau, cent douze hommes & quatre chevaux, vers le milieu de novembre 1524, ne fut pas heureuſe. Rarement Pizarre put-il aborder ; & dans le peu d’endroits où il lui fut poſſible de prendre terre, il ne voyoit que des plaines inondées, que des forêts impénétrables, que quelques ſauvages peu diſposés à traiter avec lui. Almagro qui lui menoit un renfort de ſoixante-dix hommes, n’eut pas un ſpectacle plus conſolant ; & il perdit même un œil dans un combat très-vif qu’il lui fallut ſoutenir contre les Indiens. Plus de la moitié de ces intrépides Eſpagnols avoient péri par la faim, par le fer ou par le climat ; lorſque los-Rios, qui avoit ſuccédé à Pedrarias, envoya ordre à ceux qui avoient échappé à tant de fléaux de rentrer ſans délai dans la colonie. Tous obéirent, tous à l’exception de treize qui, fidèles à leur chef, voulurent courir juſqu’à la fin ſa fortune. Ils la trouvèrent d’abord plus contraire qu’elle ne l’avoit encore été, puiſqu’ils ſe virent réduits à paſſer ſix mois entiers dans l’iſle