Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/352

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une autre. Si la mort eſt préférable à la ſervitude, n’êtes-vous pas encore plus inhumains ſur les côtes d’Afrique que vous ne l’avez été dans les régions de l’Amérique ? Anglois, François, Eſpagnols, Hollandois, Portugais, je ſuppoſe que je m’entretienne avec un d’entre vous d’un traité conclu entre deux nations civilisées, & que je lui demande quelle eſt la ſorte de compenſation qu’elles ont ſtipulée, dans l’échange qu’elles ont fait ? Qu’imaginera-t-il ? De l’or, des denrées, des privilèges, une ville, une province ; & c’eſt un nombre plus ou moins grand de leurs ſemblables que l’on abandonne à l’autre pour en diſpoſer à ſon gré ? Mais telle eſt l’infamie de ce pacte dénaturé, qu’il ne ſe préſente pas même à la pensée de ceux qui l’ont contracté.

Tout annonce que la cour d’Eſpagne va ſortir de la dépendance où elle étoit des nations étrangères pour des eſclaves. C’eſt l’unique but qu’elle a pu ſe propoſer en exigeant, en 1778, du Portugal la ceſſion de deux de ſes iſles ſur les côtes d’Afrique.

Des cultures difficiles, quelques mines d’un genre particulier, ont occupé une partie des eſclaves introduits dans le continent