Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/367

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C’eſt un magiſtrat chargé, ſous l’inſpection du vice-roi ou des tribunaux, de la juſtice, de la finance, de la guerre, de la police, de tout ce qui peut intéreſſer l’ordre public, dans un eſpace de trente, de quarante, de cinquante lieues. Quoique la loi lui défendît, comme aux autres dépoſitaires de l’autorité, d’entreprendre aucun commerce, il s’empara, dès les premiers tems, de tout celui qu’il étoit poſſible de faire avec les Indiens ſoumis à ſa juriſdiction. Comme ſa commiſſion ne devoit durer que cinq ans, il livroit preſqu’en arrivant les marchandiſes qu’il avoit à vendre, & employoit aux recouvremens le reſte de ſon exercice. L’oppreſſion devint générale. Les malheureux indigènes furent toujours écrasés par l’énormité des prix, & ſouvent par l’obligation de prendre des effets qui leur étoient inutiles, mais que le tyran avoit été lui-même quelquefois réduit à recevoir des négocians qui lui accordoient un crédit long & dangereux. On refuſoit tout ou preſque tout aux pauvres, & l’on ſurchargeoit ceux qui jouiſſoient de quelque aiſance. Aux échéances, les paiemens étoient exigés avec une sévérité