Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/372

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rance, le clergé se fit rendre la plus grande partie de ces tyranniques dixmes qui avoient été arrachées à son avarice. L’Amérique paroissoit n’avoir été conquise que pour lui. Cependant les pasteurs subalternes, ces curés, ailleurs si tendres & si respectables, ne se trouvoient pas assez opulens. L’Indien qu’ils étoient chargés d’instruire & de consoler, n’osoit se présenter à eux sans quelque présent. Ils lui laissoient celles de ses anciennes superstitions qui lui étoient utiles, comme la coutume de porter beaucoup de vivres sur le tombeau des morts. Ils mettoient un prix exorbitant à leurs fonctions, & avoient toujours des inventions pieuses qui leur donnoient occasion d’exercer de nouveaux droits. Une pareille conduite avoit rendu leurs dogmes généralement odieux. Ces peuples alloient à la messe comme à la corvée, détestant les barbares étrangers qui entassoient sur leurs corps & sur leurs âmes des fardeaux également pesans.

Le scandale étoit public & presque général. Le clergé séculier & régulier, qui, l’un & l’autre remplissoient le même ministère, s’accusoient mutuellement de ces vexations,