Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/377

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dans aucune période, & n’en éprouve pas encore.

Mais il étoit plus aisé d’accorder gratuitement ou de céder à vil prix des terreins à quelques aventuriers, que de les engager à en ſolliciter la fertilité. Ce genre de travail fut méprisé par les premiers Eſpagnols que leur avidité conduiſit aux Indes. La voie lente, pénible & diſpendieuſe de la culture ne pouvoit guère tenter des hommes à qui l’eſpoir d’une fortune facile, brillante & rapide faiſoit braver les vagues d’un océan inconnu, les dangers de tous les genres qui les attendoient ſur des côtes mal-ſaines & barbares. Ils étoient preſſés de jouir, & le plus court moyen d’y parvenir étoit de ſe jeter ſur les métaux. Un gouvernement éclairé auroit travaillé à rectifier les idées de ſes ſujets, & à donner, autant qu’il eut été poſſible, une autre pente à leur ambition. Ce fut tout le contraire qui arriva. L’erreur des particuliers devint la politique du miniſtre. Il fut aſſez aveugle pour préférer des tréſors de pure convention, dont la quantité ne pouvoit pas manquer de diminuer & qui chaque jour devoient perdre de leur prix