Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/392

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prix même qu’on en avoit retiré fut impoſé. L’or en retour devoit quatre pour cent, & l’argent en devoit neuf.

XXX. Comment la cour de Madrid perſévéra-t-elle dans ſon mauvais ſyftême ?

Mais comment la cour de Madrid avoit-elle pu ſe tromper ſi groſſiérement ſur ſes intérêts ? comment, ſur-tout, pouvoit-elle persévérer dans ſon erreur ? Eſſayons, s’il ſe peut, de démêler les cauſes de cet aveuglement étrange.

L’empire des Eſpagnols ſur le Nouveau-Monde s’établit dans un ſiècle d’ignorance & de barbarie. Tous les principes de gouvernement étoient alors oubliés ; & l’on ne s’étonnera pas, ſans doute, que dans l’ivreſſe de leurs triomphes, des conquérans ſuperbes n’aient pas ramené la lumière, bannie depuis dix ou douze ſiècles de l’Europe entière.

À cette époque d’un aveuglement univerſel, la cour de Madrid ne devina pas que les établiſſemens qu’elle formoit ſous un autre hémiſphère, ne ſeroient utiles qu’autant qu’ils deviendroient un encouragement pour ſon agriculture, ſon induſtrie & ſa navigation. Loin de ſubordonner les colonies à la métropole, ce fut, en quelque ſorte, la métropole qui fut ſubordonnée aux colonies. Toute