prince, à accorder des penſions & des grâces à tous ceux qui n’avoient d’autres titres pour les obtenir, que l’audace de les demander.
Cette noble & criminelle mendicité étoit devenue une mode générale. L’Eſpagnol né généreux, & devenu fier, dédaignant les occupations ordinaires de la vie, ne reſpiroit qu’après les gouvernemens, les prélatures, les principaux emplois de la magiſtrature.
Ceux qui ne pouvoient parvenir à ces emplois brillans, ſe glorifiant d’une ſuperbe oiſiveté, gardoient le ton de la cour, & mettoient autant de gravité dans leur ennui public, que les miniſtres dans les fonctions du gouvernement.
Le peuple même auroit cru ſouiller ſes mains victorieuſes, en les employant à la plupart des travaux utiles. Il ſe portoit nonchalamment à ceux même qui étoient le plus en honneur & ſe repoſoit pour tous les autres ſur des étrangers qui rapportoient dans leur patrie un argent qui la fertiliſoit ou l’enrichiſſoit.
Les hommes nés ſans propriété, préférant baſſement une ſervitude oiſive à une liberté laborieuſe, briguoient de groſſir ces légions