Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/410

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

C’eſt parmi ces hommes abrutis, qu’étoient pris ceux que la faveur deſtinoit à tenir les rênes du gouvernement. Leur adminiſtration rappelloit à chaque inſtant l’école d’oiſiveté & de corruption d’où ils ſortoient. Rien n’étoit ſi rare que de leur voir des ſentimens de vertu, quelques principes d’équité, le plus léger déſir de faire le bonheur de leurs ſemblables. Ils n’étoient occupés qu’à parler les provinces confiées à leurs ſoins, pour aller diſſiper à Madrid, dans le ſein de la volupté le fruit de leurs rapines. Cette conduite étoit toujours impunie ; quoiqu’elle occaſionnât ſouvent des séditions, des révoltes, des conſpirations, quelquefois même des révolutions.

Pour comble de malheur, les états unis par des mariages ou par des conquêtes à la Caſtille, conſommoient ſa ruine. Les Pays-Bas ne donnoient pas de quoi payer les garniſons qui les défendoient. On ne tiroit rien de la Franche-Comté. La Sardaigne, la Sicile & le Milanois étoient à charge. Naples & le Portugal voyoient leurs tributs engagés à des étrangers. L’Aragon, Valence, la Catalogne, le Rouſſillon, les iſles Baléares &