Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/412

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On ne raiſonna pas ainſi. La facilité qu’on avoit trouvée à ſubjuguer les Indiens ; l’aſcendant que prit l’Eſpagne ſur l’Europe entière ; l’orgueil ſi ordinaire aux conquérans ; l’ignorance des vrais principes du commerce : ces raiſons, & pluſieurs autres, empêchèrent d’établir dans le Nouveau-Monde une adminiſtration fondée ſur de bons principes.

La dépopulation de l’Amérique fut le déplorable effet de cette confuſion. Les premiers pas des conquérans furent marqués par des ruiſſeaux de ſang. Auſſi étonnés de leurs victoires, que le vaincu l’étoit de ſa défaite, ils prirent dans l’ivreſſe de leurs ſuccès, le parti d’exterminer ceux qu’ils avoient dépouillés. Des peuples innombrables diſparurent de la terre à l’arrivée de ces barbares ; & c’eſt la ſoif de l’or, c’eſt le fanatiſme qu’on accuſoit de tant de cruautés abominables.

Mais la férocité naturelle de l’homme, qui n’étoit enchaînée ni par la frayeur des châtimens, ni par aucune eſpèce de honte, ni par la préſence de témoins policés, ne déroboit-elle pas aux yeux des Eſpagnols, l’image d’une organiſation ſemblable à la leur, baſe